jeudi 5 juillet 2007

Rencontre avec Keith Hylton


Keith N. Hylton est professeur à la Boston University School of Law. Il est un auteur reconnu en droit de la concurrence, et un spécialiste de l'analyse économique du droit. Il a de nombreuses publications à son actif (comme le montre son cv), dont un "case book" en antitrust law qu'il a d'ailleurs la délicatesse de m'offrir. Keith a récemment été interviewé par bon nombre de media dans le cadre du conflit opposant Google à Microsoft (voir l'un de mes billets précédents). Pour Keith Hylton, la volonté de Microsoft de coopérer sur ce dossier est un compromis réfléchi en vue d'éviter un litige onéreux. La position de Keith est en la matière très intéressante. Il considère en effet que la fonction de recherche intégré à Vista est une amélioration du produit de Microsoft. Or, si l'on dit à une société dominante comme Microsoft que lorsqu'elle produit une innovation, elle doit également veiller aux intérêts de ses concurrents, cela pourrait avoir pour effet les incitations à développer de telles innovations.

Bien évidemment, eu égard à ses domaines de spécialité, Keith Hylton considère que le droit de la concurrence constitue une zone à risque de première importance pour les entreprises. Cela est d'autant plus vrai lorsque l'entreprise est une multinationale, ou lorsque ses marchés sont internationaux. Il est donc intéressant de pouvoir comparer les dfférents environnements juridiques en la matière dans de nombreux pays différents. Keith Hylton développe actuellement une large étude où il essaie de codifier les réglementations en droit de de la concurrence d'une centaine de pays, en leur attribuant une notation. Plus la note est élevée, plus la réglementation du pays semble être contraignante. Toutefois, elle ne signifie pas pour autant que le pays en question applique la réglementation avec célérité ou sévérité. Keith Hylton utilise la métaphore d'un filet à papillons, qui peut être très large, mais dont les mailles peuvent être désérrées, ou qui peut être utilisé que rarement ou avec "générosité". L'objectif de Keith, d'ici la fn de l'été, est de mettre à disposition sur Wikipedia l'ensemble de son étude, et d'en appeler à la compétence de ses collègues dans les divers pays concernés afin, le cas échéant, d'amender l'étude, de corriger certains critères, d'en rajouter, etc...Dans une optique d'évaluation des risques issus des environnements juridiques, cette étude est de mon point de vue d'une grande utilité.

Nous discutons ensuite de la pertinence de l'economic analysis of law en tant qu'instrument de mesure du risque. Keith Hylton m'explique que ce courant de pensée, qui n'est d'ailleurs pas uniforme (il existe plusieurs "sous courants), n'est pas aussi présent aux Etats-Unis qu'on pourrait le penser, ou en tout cas pas aussi dominant que certains le disent. Il n'y qu'à la George Mason University School of Law où une large majorité des professeurs sont "dédiés" à l'analyse économique du droit (environ 80% d'entre eux). Dans d'autres law schools, telles que Chicago, USC ou encore Pennstate, environ 20% de la Faculty est spécialisée en analyse économique du droit. Mais dans d'autres institutions, l'analyse économique du droit n'est pas toujours très appréciée, certains professeurs lui reprochant de dévoyer la nature même de l'étude du droit.

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